

Le projet ACTO - Assistant de Collecte des Témoignages et Observations - voit le jour en 2012 à la confluence de mes ambitions et d'une rencontre avec Alain Boudier, alors président du groupe Sigma, l'une des commissions techniques de la 3AF - Association Aéronautique et Astronautique de France - www.3af.fr .
Les objectifs de ce projet sont doubles. Une application permettant à son utilisateur, via son Smartphone, de faire parvenir instantanément un « pool » de variables relatives à une observation de PAN, dans une base de données nationale. Un deuxième volet concerne le traitement analytique de ces informations.
Les "PANs" sont des Phénomènes Aérodynamiques Non Identifiés, autrement appelés "observation d'OVNI" chez les néophytes. Les témoignages de ces observations sont transmis via la gendarmerie et le préfet au GEIPAN, Groupe d'Etude et d'Information sur les Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés, organisme de recherche effectuant des missions pour le CNES, Centre National d'Etudes Spatiale basé à Toulouse. Je vais entrer dans les détails de ce projet hors-normes autant que novateur, tant sur les plans techniques que psycho-sociologiques.


Historique et rencontres autour du projet
Le 11 novembre 1980, je fût témoin d'un phénomène extra-ordinaire rapproché, en compagnie de mes parent. Cette "rencontre" forgeait ma conception de l'univers où nous évoluons. En 2004, je rencontrais Jean-Jacques Velasco, alors directeur du SEPRA (Service d'Expertise des Phénomènes Rares Aérospatiaux), au sein du CNES, pour des échanges constructifs sur les survols de 1980 à proximité du plateau d'Albion en corrélation avec la sortie de son livre "OVNIS l'évidence" chez Carnot. J'effectue alors de très nombreuses recherches sur le sujet, lisant Claude Lavat, le contre-amiral Gilles Pinon, le rapport Poher, le rapport Cometa, Jean-Gabriel Greslé et bien d'autres publications restées confidentielles auprès du grand public.
Bien plus tard, le 18 juillet 2011, en compagnie d'un ami anglais, pilote de profession, nous faisons une observation bouleversante sur les hauteurs de Digne (04). Ayant contacté le GEIPAN (qui succéda au SEPRA), nous avons suivi la procédure pour établir un rapport de témoignage, longue et fastidieuse. Déposition en gendarmerie sous l'oeil médusé des autorités, validation préfectorale, envoi du dossier dans les locaux de la Gendarmerie Nationale à Paris, puis renvoi du dossier à Toulouse au siège du CNES - section PAN. Deux à trois mois de procédure, à la suite desquels je fus contacté par M. Xavier Passot, actuel directeur du GEIPAN, et par M. Boudier de la commission Sigma. Nos échanges pointèrent la lenteur de la récolte des informations, et le constat fût fait d'un manque certain de cohérence autour du traitement de ces données, bien que de nombreux spécialistes soient accordés sur une "grille de lecture" de ces phénomènes. Une revendication partagée par la majorité des ufologues français.
Fort de mon expérience dans le domaine médical autour du traitement dynamique des données pour appuyer une aide à la décision, je proposais de réaliser une application qui permette une récolte des données centralisée, accessible et rapide (le temps est un facteur essentiel pour toutes les enquêtes), ainsi qu'un traitement de celles-ci par le biais d'un moteur d'inférence à chaînage mixte (système expert), où interagissent données entrantes et base de connaissance validée par un expert, afin de lui proposer un schéma de possibilités. Une collaboration avec la 3AF permettrait de définir les besoins pour une telle base, par la suite soumise à la validation du GEIPAN.
De Hynek au Google App Store
La classification des observations fût mis en place par le Pr. J. Allen Hynek, astronome et conseiller scientifique du projet BlueBook dans les années 50. La classification retenue pour notre projet s'appuie sur celle de son ami Jacques Vallée, astronome et informaticien français, augmentée par le questionnaire officiel du GEIPAN.
Mon premier travail fût donc de définir une base de donnée qui puisse être à la fois complétée de manière simple et rapide par un utilisateur n'ayant aucune connaissance de la classification Hynek, et suffisament détaillée pour en tirer un schéma de probabilité pertinent dans ce domaine de recherche. Au questionnaire GEIPAN, je confondais la puissance du Smartphone pour son caractère omniprésent dans la population, ses atouts en matière de géolocalisation, de prises de vue, et sa simplicité d'utilisation. Une application facilement accessible via les boutiques d'application Google et iPhone. Je dégageais ainsi 6 "familles de données" :
- les coordonnées du témoin, et son désir ou non d'être contacté par le GEIPAN pour une enquête approfondie.
- les coordonnées GPS du lieu d'observation (ou bien de sa position actuelle et résultats du capteur d'orientation)
- un QCM visuel tactile permettant d'intégrer une classification hybride, propre à orienter très rapidement l'expert vers un type d'observation défini.
- des données visuelles comme photographies, dessins, schémas ou vidéos mp4. Avec l'éventualité pour les enquêteurs d'équiper l'appareil de bonnettes spectrographiques.
- l'heure et les conditons météo lors de l'observation
- le questionnaire GEIPAN remanié, ainsi qu'un texte narratif libre.


Schémas
A l'aide d'ECLIPSE (le tout jeune Android Studio de Google en étant à ses premiers pas) je réalisais pour Android 4.2.2 (API 17) l'interface utilisateur, une fois défini le schéma de fonctionnement de l'application :


Appli Android
L'application demande à l'installation les autorisations de géolocalisation, d'accès et d'envoi de données personnelles sur la toile.
A l'aide de pictogrammes, de vignettes photo, l'utilisateur circule ainsi de page en page et alimente la base interne de son mobile. Pour la géolocalisation, j'ai utilisé l'API Google afin de la définir par un simple point & clic. La définition des données de taille, vitesse, direction, distance se fait à l'aide d'un slider sur une échelle appropriée.
Une difficulté résidait dans l'évocation visuelle du phénomène observé. Ne pas restreindre ou influencer l'observateur dans sa description, tout en permettant une corrélation claire avec le schéma de classification.
La partie QCM est reproduite telle quelle, en respectant l'ordre dans lequel les questions avaient été définies.
Les documents photo et vidéo, par souci de stockage, sont limités en taille et en nombre, et sont sélectionnés dans le répertoire de l'appareil.
Les coordonnées personnelles comportent un champ avec lequel l'utilisateur confirme son choix d'être ultérieurement contacté par un intervenant de terrain (IPN), pour une enquête approfondie.
Après confirmation, l'envoi des données se fait sur un serveur dédié (Apache) augmenté d'une BDD SQL.





Système Expert - CLIPS
Le choix du traitement analytique des données reçues se porte vers CLIPS, développé dans les années 80 au Johnson Space Center de la NASA. Ce choix s'appuie sur une programmation orientée objet, ou par "règles", permettant une grande flexibilité dans sa représentation des connaissances (schémas, graphiques,..) et l'élaboration d'un système expert, ou dit "intelligence artificielle". Les avantages d'un tel système étant de produire des solutions à partir de régles définies appliquées à une base de connaissance et pouvant évoluer au gré des conclusions validées en nouvelles règles. Une approche plus abstraite, moins procédurale, du traitement des données. Il est de plus facilement portable, et dispose depuis 2011 d'un interfaçage Java permettant l'intégration d'un GUI.
Un exemple extrait du Wikipédia CLIPS pour mieux comprendre son fonctionnement :
Prenons tout d'abord les faits suivants :
*Les hommes sont mortels
*Socrate est un homme
*Les chiens sont mortels
Que nous traduisons en CLIPS :
(deffacts vérités
(est homme mortel)
(est Socrate homme)
(est chien mortel)
)
Et la règle suivante :
*si '''a''' est '''b''' et '''b''' est '''c''', alors '''a''' est '''c'''
Qui se traduit en CLIPS par:
(defrule translation
(est ?a ?b)
(est ?b ?c)
⇒
(assert (est ?a ?c))
)
Avant la première exécution la base de faits contient donc ceci :
1- (est homme mortel)
2- (est Socrate homme)
3- (est chien mortel)
En lançant la résolution, la règle est appliquée une fois avec les faits 1 et 2 :
* Socrate est un homme, or tout homme est mortel, donc Socrate est mortel.
La base de fait contient maintenant ceci :
1- (est homme mortel)
2- (est Socrate homme)
3- (est chien mortel)
4- (est Socrate mortel)
La règle ne peut plus être appliquée à aucun fait, l'exécution s'arrête. Nous remarquons qu'un seul nouveau fait a été introduit dans la base de faits (Socrate est mortel). En effet, on ne peut pas en déduire que ''Socrate est un chien'', comme dans le fameux sophisme.
Dans le même registre, un exemple à travers le site de devinettes Akinator.
Cet outil, à l'écoute de la BDD hostée, va nous permettre d'analyser les plages horaires, les fréquences, les catégories, et la géolocalisation des rapports. Il permet en outre d'établir de véritable "cartes" spatio-temporelles des observations.
Un tri par cohérence, et la définition de règles de traitement validée par un comité d'experts, permet d'écarter les témoignages erronés, ou de mettre en valeur la pertinence des plus courants, comme le phénomène des flashes. Si les risques liés à l'automatisation du traitement des données n'est pas redhibitoire, elle doit prendre en compte la fiabilité des rapports;
La fiabilité du rapport peut être mise en doute si l'utilisateur, ayant installé l'application sur son Smartphone, puisse faire parvenir un témoignage dans le seul but d'utiliser l'application. "Fabriquer" une observation; mais cette démarche peut être parée par une campagne médiatique d'information sur les PANs, et par un jeu de règles efficace axée sur l'utilisation de l'application. Elle ne parasite en rien le phénomène des vagues d'apparition, concentrées dans l'espace et le temps. De plus, et dans un premier temps, l'application ne sera diffusée qu'à partir de revues spécialisées (Nexus, Lumières dans la Nuit, les sites de la 3AF et du GEIPAN..) afin d'être testée par des groupes d'ufologues avertis.
L'application portable de ce projet étant aboutie, la partie analytique est toujours en cours de développment, en collaboration avec la 3AF, et sera soumis à l'approbation du GEIPAN prochainement.